Mais en 1918 la grippe espagnole emporta la maman Françoise HURTEL. Elle avait 32 ans et laissait 7 orphelins. Pas question pour la famille de laisser le papa dans une pareille situation. C'est ainsi que deux orphelins : Jean-Louis et Cécile furent pris en charge au Frénot.
Jean-louis avait alors 5 ans. Il va connaître l'existence des enfants de la campagne en ce temps là. Il rendra quelques petits services et il va garder les vaches et les mener boire au doué de la Grande Noë. IL nouera quelques solides amitiés avec ses frères et sœurs, ses cousins et cousines (entre le Frénot, la Piaudais et la Ville Cancouët ils sont 16).
A l'âge de l'école, il ira au bourg par les sentiers. Selon l'usage du temps garçons et filles ne se mélangaient pas. Le directeur de l'école était alors Monsieur DARE qui ne fut pas sans remarquer l'intelligence et l'application du jeune Jean-louis HALLIER. En ce temps là, le clergé comme les religieux étaient en recherche de sujets susceptibles de répondre à une vocation.
Monsieur DARE pensait au juvénat des Frères de Ploërmel qui était à Hennebont et il proposa à plusieurs de ses élèves d'y aller. Mais il y avait aussi un vicaire plain d'allant ordonné prêtre en 1905 et qui envoyé à Peillac en 1906 pour y rester jusqu'en 1930. Si Monsieur DARE put conserver Jean-Louis HALLIER pour sa congrégation, Monsieur Le Nué, vicaire proposa des leçons de latin à deux autres sujets qui allèrent l'un au petit séminaire de Ploërmel et l'autre à Redon au collège ST Sauveur tenu par les eudistes.
C'est ainsi que le 27 Août 1927, Jean-Louis HALLIER agé de 14 ans s'en alla à St Hervé d'Hennebont pour un an, car on ne revenait pas aux vacances de Noël et de Paques.
Le 15 Août 1928, Jean-Louis quittait la France pour aller à Jersey, les lois antireligieuses françaises ayant exilé les congrégations
A jersey il fit un an de noviciat et le 15 Août 1929 à l'àge de 16 ans, il prononçait ses premiers vœux qui le liait à la congrégation des Frères du Père La Mennais.
Jean-Louis (Frère Gonzague-Louis) 
En 1930, il est nommé à Hennebont comme instituteur pour faire la classe aux juvénistes de ST Hervé et il resta à ce poste jusqu'au service militaire.
2-
L'armée l'incorpora au 35 ème régiment d'infanterie et au vu de ses capacités d'instituteur, elle fit de lui un radiotélégraphiste. Il profita de ses temps libres pour s'initier au latin car il avait deux amis, un jésuite et un eudiste.
Le service accompli, il regagnait St Hervé pour reprendre sa fonction d'enseignant pendant 2 ans 1935 et 1936. En 1937, il reçut sa nomination pour repartir à Jersey où il aurait à faire la classe aux jeunes frères en formation.
En Août 1939 les bruits de guerre se font plus insistants. Le frère Gonzague-Louis (Jean-Louis HALLIER) a quitté Jersey pour pendre ses vacances au pays. On note sa présence à la Ville Cancouët (15 Août), à Ploërmel (18 Août), à Malestroit le 22 Août d'où il écrit qu'il sera à Peillac dans quelques jours.

Jean Louis (militaire) Jean-Louis est debout au 1 er rang, 4 ème à partir de la gauche
3-
L'ordre de mobilisation arrive le 02 Septembre, il est à Jersey pour prendre quelques affaires. Ce n'est que le 15 Septembre qu'il rejoindra la caserne Feutras à Brest, il a quelques jours de retard mais l'heure n'est pas aux tracasseries administratives, il est affecté à la 2 ème compagnie et se demande s'il ne va pas faire les E.O.R (Ecole des Officiers de Réserve).
Le 15 octobre il a une permission de trois jours et à son retour, il apprend qu'il a changé de compagnie. Il envisage un possible départ pour le Levant (la Syrie).
En cette période où il faut vivre au jour le jour sans trop savoir de quoi demain sera fait, il prend soin de sa vie religieuse, assiste souvent à la messe et récite la rosaire. Il profite de ses temps libres pour rejoindre à 4 kms de la caserne une école tenue par les frères de sa congrégation. Début novembre; il pensait être affecté au 35 ème R.I. comme radio-télégraphiste, ce qui était sa spécialité. Il n'est pas désigné pour ce départ. Avec une vingtaine d'autres, il doit effectuer un stage de préparation à la formation des "bleus".
Fin novembre arrivent les nouvelles recrues à qui il fait tout apprendre; il est nommé instructeur, chef de chambre, chef de table. Lui qui aimait la vie active et les exercices, il se voit de plus en plus affecté au bureau avec des montagnes de paperasses.
Au mois de Mars, le voilà caporal-chef et aussitôt orienté vers l'examen pour devenir sergent (18 Mars 1940)
C'en est bientôt fini de la caserne Feutras, il se retrouve au camp de Sauges (au sud de Bordeaux) et se voit affecté au Bureau du Bataillon. C'est là qu'on doit mettre sur pied et équiper un régiment de tirailleurs sénégalais.
Il écrit que les conditions ne sont pas mauvaises, on couche sous des tentes mais dans de vrais lits, toutefois ce n'est pas du camping car le terrain est sablonneux et balayé par le vent et le sable s'infiltre partout.
Il connaît un environnement africain, <<il faut s'habituer à entendre le tam-tam et être témoin des prières à Allah >> écrit-il le 25 avril 1940.
La vie est monotone quand soudain se déclenche l'offensive allemande le 10 Mai 1940 et dès le 18, il envoie une carte disant <<on part le 19 >>...il est encore au camp de Sauges le 1 er Juin et déjà arrivent des victimes de la débâcle, des unités égarées. Le 8 Juin est formé le 2 ème Bataillon du 27 ème Régiment d'Infanterie coloniale mixte sénégalais.
Le moral semble ne pas s'effondrer. Il est secrétaire du commandant et il a l'esprit combatif, n'écrti-il pas <<j'ai un bon fusil et on a des munitions à la tonne>>.

Train vers l'Allemagne
4-
Le convoi roule très lentement vers le nord et arrive au Mans puis prend la direction d'Argentan. Avant le départ on les prévient, il y a risque de se faire mitrailler par les avions.
C'est cette nuit là, confiera quelques années plus tard le Père Amédée, qu'appuyé sur la porte du wagon, je me suis dit << si un jour, je reviens de cette aventure, je me consacre à quelque chose de plus radical >> et cette pensée fut tellement forte que longtemps après il pouvait dire << c'était le 16 Juin au soir >>
Devant l'avance de l'armée allemande qui avait franchi la Seine et prenait la direction de l'ouest, le train quitte Argentan pour prendre la direction de Cherbourg.
Le régiment se met en position à St Sauveur le Vicomte pour s'opposer à l'ennemi. Jean-Louis HALLIER écrit :<< nous avons tenu toute la matinée du 19 juin mais les allemands ont amenés des chars. Nous étions coincés, encerclés, pris au piège. Comme j'étais secrétaire du Commandant, avec lui et un interprète alsacien nous avons rencontré nos opposants qui nous ont contraints à capituler. Nous ne pouvions rien faire d'autre. Nous avons déposé nos armes sur la place publique et je n'oublierai jamais le regard et le visage attristé de notre Commandant qui avait les larmes aux yeux >>.
On nous fit prendre la direction de Bricquebec et sur la place devant l'église nous passâmes notre première nuit de prisonniers pour être ensuite dirigés sur St Lo et enfermés dans la caserne de Bellevue .
Les conditions déplorables de nourriture amenèrent la maladie et jean-Louis HALLIER fut tansporté à l'hôpital de St Lo, comme il l'écrivit lui-même << malade mais pas blessé >>
Sitôt qu'il eut recouvré un peu de santé, il réintègre sa prison. Il eut la chance d'être en contact avec quelques prêtres du département de la Manche et aussi avec une famille de St Lo qui lui procura tout ce qui lui manquait et avec laquelle il noua une profonde amitié. Il se trouvait que cette famille avait un fils qui était moine trappiste à l'abbaye de Bricquebec et dont elle était sans nouvelle. Quelques mois après, cette famille apprenait que leur fils trappiste, officier, avait été tué à Vittel (10 Août 1940), il s'appelait Père AMEDEE. Parmi les prisonniers, il y avait aussi un autre moine de Bricquebec, Le Père Bernard Poussin, avec qui Jean-Louis aimait causer et c'est là que son idée de << quelque chose de plus radical >> devint un désir d'essayer la vie de trappiste. Dieu va lui donner le temps de mûrir cette idée.
Courrier lancer par la lucarne d'un wagon en route pour Spandau et celui-ci est arrivé chez son Père.
5-
C'est le 22 Novembre 1940 que les prisonniers de St LO furent embarqués dans des wagons de marchandise pour gagner l'Allemagne avec comme provision de route du pain allemand bien gris et du saucisson ? pressentant bien que l'exil risquait d'être long; les voyageurs rédigeaient des messages et quand par la lucarne ils voyaient des civils au bord de la voie, ils laissaient la lettre s'envoler au vent dans l'espoir que ceux qui les verraient, essayeraient de les faire parvenir à leurs familles. C'est ce qui arriva pour quelques unes. Dans une de ces missives Jean-Louis précise qu'il vient de toucher sa paye 350 Frs, qu'il emporte quelques livres et que désormais ses lettres pourraient bien n'être pas sincères et qu'il faudrait savoir lire entre les lignes (23 Novembre 1940). Le 23 décembre, il est au delà de Berlin au camp de Spandau, le stalag III D.